DRAPEAUX DANS L’ANCIEN RÉGIME

DRAPEAUX DANS L’ANCIEN RÉGIME
DRAPEAUX DANS L’ANCIEN RÉGIME

DRAPEAUX DANS L’ANCIEN RÉGIME

La France utilisait de nombreux drapeaux avant 1789, mais il n’y en avait aucun sur les bâtiments publics et sur le château où résidait le souverain. La bannière de France n’était qu’une pièce d’étoffe, assez petite et incapable de flotter, de velours violet ou bleu, ornée de trois fleurs de lis d’or brodées de chaque côté. Cet emblème, qui date du XIIe siècle et qui fut présent sur de nombreux champs de bataille au Moyen Âge, ne figurait plus qu’aux obsèques des rois à Saint-Denis, porté par le grand chambellan de France (la dernière fois pour Louis XVIII, en 1824); il pouvait aussi y avoir un pennon de même manière et orné pareillement, emblème archaïque qui fut remplacé par la cornette blanche sur le champ de bataille au XVIe siècle (dernière fois en 1824). La cornette blanche, insigne de la présence du roi à la guerre, avait succédé au pennon; c’était un carré d’étoffe blanche unie et Louis XIII fut le dernier à s’en servir vers 1630; c’est autour d’elle que devaient se réunis en théorie les gentilshommes volontaires et les officiers commensaux du roi lors d’un combat; la charge de porte-cornette existait encore en 1789, couplée à celle de premier écuyer tranchant; la fête de la Fédération devait transformer ce civil en militaire et on lui fit porter l’oriflamme de l’armée, alors que le signe de commandement du roi, commandant des gardes nationales et des troupes envoyées, flottait au-dessus de la tribune du souverain: c’était un drapeau blanc (14 juill. 1790).

Il faut attendre les guerres d’Algérie et de Crimée pour voir des généraux escortés de fanions de commandement pour indiquer leur place dans le dispositif des troupes. L’infanterie utilisait des drapeaux carrés (un par bataillon depuis 1776), de 1,62 m de côté, et ornés d’une cravate blanche, couleur française par excellence, depuis, paraît-il, la bataille de Fleurus (1690), à seule fin d’uniformiser ces emblèmes aux multiples couleurs; en effet, chaque bataillon avait un drapeau d’ordonnance aux couleurs du régiment, de la province ou du colonel, avec ou sans teinte franche (on avait parfois du feuille-morte ou du rose), avec ou sans symboles brodés ou peints (fleurs de lis, couronnes, armoiries, devises, etc.). Seul, le drapeau du premier bataillon, ou drapeau colonelle, était blanc, avec les symboles s’il y en avait; l’infanterie avait ses drapeaux, assez souvent traversés d’une croix blanche, mais qui pouvait être aussi de couleur et même parfois en sautoir (en 1739, alors qu’il y avait 3 drapeaux par bataillon, on comptait 120 régiments et 644 drapeaux, chiffre qu’il faut augmenter des drapeaux de la maison du roi, déjà 30 pour le régiment des gardes françaises). La cavalerie légère arborait des étendards d’environ 55 cm sur 65 cm, à raison de deux par escadron; ces étendards frangés étaient ornés de symboles, armoiries et devises brodés, le soleil de Louis XIV figurant très souvent sur une face; le premier régiment, ou colonel général, avait ses étendards noirs, sauf le premier du premier escadron, celui de compagnie colonelle générale, qui était blanc et le seul blanc de toute la cavalerie, encore que semé de divers symboles; on le nommait aussi cornette blanche (la véritable n’existant plus en fait) et premier étendard de France: toute la cavalerie lui devait le salut, lui-même ne le devant qu’aux princes du sang, au général de la cavalerie et au général en chef de l’armée. En 1788, le roi avait décidé qu’il n’y aurait plus que trois escadrons à l’avenir, chacun avec un étendard confié à un sous-lieutenant porte-étendard, qui perdait son nom de cornette. Les hussards avaient eux aussi des étendards comme les chasseurs, alors que les dragons avaient des guidons à deux queues arrondies: on retrouvait des emblèmes blancs dans le premier régiment de chaque catégorie, toujours dit colonel général (il existait encore tous les étendards de la maison du roi).

Il y avait encore à terre, dans chaque ville, un drapeau rouge et un drapeau blanc, depuis le 21 octobre 1789 (décret de l’Assemblée nationale, dit loi martiale): une municipalité voulant disperser un attroupement par la force arbore le drapeau rouge pour avertir qu’elle ira jusqu’au feu; lorsque le calme sera rétabli, elle le remplacera par un drapeau blanc durant huit jours.

La marine royale arborait autrefois des bannières de France et aux armes de l’amiral, charge un moment abolie par Richelieu (1626) puis restaurée par Louis XIV (1669): l’autorité directe du roi se manifesta par l’invasion du blanc sur les pavillons; dès 1643, le jésuite Fournier en son Hydrographie dit que la France a un pavillon tout blanc, couleur qui se voit fort loin, réservé aux seuls vaisseaux du roi (ordonnance du 9 oct. 1661 et règlement du 12 juill. 1670), qui avaient aussi la flamme blanche au grand mât. Réalisé lors des rares visites du roi à ses ports et vaisseaux, le pavillon royal était peint pour la circonstance: blanc fleurdelisé d’or, chargé des armoiries royales en son centre, il était hissé au grand mât du vaisseau sur lequel montait le souverain aux cris répétés de «Vive le roi!» tant que durait l’embarquement; le reste du temps, il n’était visible que sur les planches gravées et peintes des ouvrages maritimes. Jusqu’en 1776, l’amiral de France portait le pavillon blanc au grand mât, mais à cette date il fut chargé d’un écu de France couronné sur deux ancres en sautoir. Le pavois était réalisé avec des pavillons bleus, semés de fleurs de lis jaunes et bordés de blanc. Symbolisant la France, le pavillon blanc put être hissé sur les maisons des consuls français du Levant (ordonnance du 3 mars 1781), ce qui était son premier emploi officiel à terre. Supprimées en 1748, les galères avaient des pavillons à base de rouge. Les navires marchands avaient pavillon bleu à croix blanche, orné de l’écu de France couronné, mais ils avaient tendance à adopter le pavillon blanc pour se faire respecter. Générale autour de 1760, cette usurpation fut sanctionnée par ordonnance du 25 mars 1765 (avec possibilité de garder un signe distinctif d’armateur).

La Révolution devait tout bouleverser, en enlevant tous les signes féodaux des drapeaux, en imposant la cravate tricolore, en évacuant toute croix blanche.

Louis XVIII reprit le pavillon blanc passé à terre comme drapeau blanc, la flamme blanche, le pavillon royal et essaya de régler le pavillon des navires marchands par ordonnance des 3 et 29 décembre 1817. Les troupes eurent drapeaux, étendards et guidons à base de blanc. Il est à noter que le drapeau blanc fleurdelisé d’or n’existait que pour certaines fêtes, sans règlement, et qu’à la mer, sous forme de pavillon, il signifiait qu’un prince était à bord.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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